L’agriculture est un levier sur lequel s’appuient les Etats dans leurs politiques publiques de développement. Cependant, il est révélé que plusieurs acteurs agricoles notamment les jeunes abandonnent de plus en plus son exploitation et partent vers les grandes villes à la quête du mieux-être. Il s’agit de l’exode rural qui s’explique par le fait que les agriculteurs n’arrivent plus à vivre des fruits de leurs terres.
Konté vit dans la misère totale dans son village à Sinni situé dans la commune de Cobly. Et pourtant il est propriétaire de terres qu’il cultive depuis plusieurs années. Le jeune homme de 27ans n’arrive pas à gagner sa vie des fruits de la terre. Depuis quelques semaines, il organise son départ pour le Nigéria. Il s’y rend pour faire de petits jobs afin d’assurer sa survie. Propriétaire de terres et cultivateur, le jeune homme n’arrive pas à joindre les deux bouts. « Je cultive du coton chaque année et à la récolte, on stocke pour l’Etat qui vient chercher mais il faut attendre plusieurs mois avant d’être payé », raconte-t-il. Le père de 5 enfants doit trouver d’autres sources de revenu pour assouvir ses besoins et ceux de sa famille. Comme lui, dans nos différentes localités rurales, ils sont des milliers de jeunes qui vivent en sursis. Ainsi plusieurs jeunes sont candidats au départ. C’est l’exode rurale qui consiste à un départ massif de bras valides des zones rurales vers les grandes villes à l’intérieur du pays comme à l’extérieur en quête du mieux-être.
Le paradoxe de « la terre ne ment pas »
« La terre ne ment jamais » est un célèbre adage séculaire qui aujourd’hui connait des limites. Cette terre présentée comme un paradis devient un enfer pour ses propriétaires. Konté et d’autres milliers de jeunes ruraux en font les frais. Ils n’arrivent pas à se réaliser en tant que cultivateurs. Pourtant le Bénin ne cesse de battre les records en termes de production agricole. Le Bénin est devenu le premier producteur du coton en Afrique depuis la campagne 2018-2019 selon les données statistiques du document de développement du Bénin élaboré par la présidence. De même, on note selon les données de l’INSTaD, un accroissement de la productivité de l’anacarde, qui est de 110.117 tonnes en 2017 à 150.414 tonnes en 2021.
Une performance en déphasage avec le niveau de vie des principaux acteurs que sont les agriculteurs. Pendant que l’Etat jouit des efforts de la force ouvrière, cette dernière gît dans la misère totale. La faute à une absence de politique avantageuse pour les individus qui travaillent la terre. C’est pourquoi tous les jeunes fuient la terre et vont dans les grandes villes pour s’adonner aux petits métiers afin de survivre. Cette situation accentue l’exode rural qui est un frein au développement des zones rurales.
L’appel des jeunes à l’endroit des gouvernants est de redonner l’espoir d’une agriculture qui nourrit son homme avec des mécanismes incitatifs axés sur l’individu. Il est donc important de renforcer la capacité des jeunes agriculteurs, de leur doter d’outils modernes de productions, de les encourager à l’entrepreneuriat agricole, ce dernier volet dont s’occupe déjà le Fonds National de Développement Agricole doit être rendu plus accessible aux jeunes. C’est à ce titre qu’un jeune comme Konté peut avorter son projet de migration vers un hypothétique El dorado.
SC/SWEDD